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Sans cheval,
je serais plus riche

Extrait de Klaus Ferdinad Hempfling

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Joe Gallemaers propose une réflexion profonde sur le voyage à cheval.

As-tu déjà marché des heures durant aux côté de ta monture ?
L’as-tu déjà accompagné le long d’une côte à 30%, à son allure, durant plusieurs kilomètres ?
As-tu déjà grimpé cette même côte avec ta veste d’hiver hermétiquement fermée ?
Copain se fait éperonner parce qu’il fatigue …
Es-tu déjà descendu dans un chemin raide et rocailleux ?
As-tu senti tes genoux qui forcent, tes chevilles qui se tordent, tes orteils qui touchent le fond de tes godasses, dans cette pente dont les pierres roulent sous tes pieds ?
Copain se fait secouer parce qu’il trébuche …
As-tu déjà pesté dans un chemin boueux, pentu et incliné sur le côté ?
As-tu observé les traces de pieds des promeneurs passés avant toi sur ce même chemin ?
Connais-tu les glissades dans un chemin où les ornières font la nique aux flaques ?
Connais-tu la progression dans un chemin où les débardeurs ont travaillé ?
Copain se fait engueuler parce qu’il glisse, s’énerve ou accélère dans un chemin difficile …
T’es-tu déjà épuisé des heures durant sur un chemin poussiéreux et sous un soleil étouffant ?
T’es-tu déjà endormi en marchant, accablé par la chaleur asphyxiante ?
Sais-tu ce qu’est une bouche pâteuse et une gourde vide ?
As-tu déjà senti la chaleur du sol à travers tes semelles ?
Copain se fait cravacher parce qu’il s’endort …
T’es-tu déjà éreinté des kilomètres durant dans le sable lourd où les pieds avancent d’un pas et reculent d’un demi ?
As-tu déjà testé quelques heures le goudron où seules les mêmes parties du pied sont sollicitées ?
As-tu déjà galéré des heures et des kilomètres durant, rencontrant plusieurs de ces situations en même temps ?
Copain se fait traiter de fainéant, de bourrique, d’incapable. On l’éperonne pour le rappeler à l’ordre, on le houspille s’il accroche sacoches ou caisses de bât, on ne lui pardonne rien …
Depuis tant d’années, des milliers de kilomètres en famille, aux côtés de notre jument et de nos ânes bâtés, nous ont confirmés et confortés dans notre idée de ce que chacun devrait pratiquer.
Il serait bénéfique que tu apprennes à connaître et à sentir les limites de Copain.
Certains diront qu’ils ne marchent jamais en rando.
D’autres ajouteront que s’ils ont mal aux fesses, ils changent de position sur leur selle.
Changement de position, changement de répartition du poids pour Copain, … les blessures guettent …
Si tu as mal aux fesses ou au dos lorsque tu es à cheval, peut-être est-il temps de mettre pied à terre pour un moment.
Si tu es raide des genoux et des chevilles en descendant, probablement as-tu trop attendu avant de le faire.
Sans pour autant que ton voyage ou ta rando devienne un périple à pied, il serait bien que tu penses à marcher aux côtés de Copain. Il s’en retrouvera ragaillardi par ta présence devant lui.
Alors, sans souffrir, impose-toi quelques marches sur ta journée.
Profite de ce que t’offre la nature : le soleil, le vent, la boue, la pluie, les côtes, les descentes.
Et comme Copain, mets à profit cette gymnastique pour perdre ta mauvaise graisse, muscler tes fesses, tes cuisses et tes mollets.
Nous n’avons jamais regretté d’avoir gagné une taille de pantalon à la fin de quelques semaines de voyage !
Soulage Copain. Marche là où il marche, trébuche là où il trébuche, glisse là où il glisse.
Comprends-le, … respecte-le.

 
   

   © 2006 Serge Bonnier • Mail